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La route du thé
Vieille de 2 000 ans, reliant les provinces du Yunnan et du Sichuan, en Chine, aux plus hauts plateaux du Tibet, la route du thé est une voie mythique, aussi belle que périlleuse. Cette route chargée d’histoire, de bouleversements économiques et sociaux, nous entraîne aux origines du thé.
- Article extrait du magazine Bruits de Palais 65 - page 8 -
- La naissance de la route du thé
- Le thé devient une monnaie d'échange
- La route, un lieu de rencontre et d'échange
- Pu Erh et Pu Erh cuit
La naissance de la route du thé
C’est au 7e siècle, sous la dynastie Tang que le thé devint une boisson très populaire en Chine. Son usage s’étendit rapidement vers l’Ouest : au Tibet puis en Mongolie, où le commerce caravanier, à l’origine de la route du thé, eut une forte incidence sur sa diffusion.
Le thé fut introduit au Tibet en 641, lorsque la princesse chinoise Wen Cheng épousa le roi tibétain Srong-Btsan Sgam-po. Elle apporta avec elle du thé provenant du Sichuan, et initia la population tibétaine à cette boisson. Le thé existait alors sous la forme de briques compressées que l’on faisait rôtir avant de les réduire en poudre et de les mêler à de l’eau bouillante. Certains ingrédients y étaient ajoutés comme du sel, ou des épices.
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Les Tibétains découvrirent et prirent goût à ce breuvage, qu’ils mélangèrent avec du beurre de yack afin d’obtenir une boisson réconfortante au goût fort, salé et légèrement gras.
En raison du climat de leur contrée, non propice à l’agriculture, leur alimentation était presque essentiellement constituée de viande. Ainsi, le thé constituait un formidable complément alimentaire : cette boisson non seulement stimulante, les aidait à mieux digérer la viande.
Sans doute est-ce pour ces vertus que le thé devint une boisson essentielle pour les Tibétains.
Le thé devient une monnaie d'échange
Les Chinois tirèrent parti de cet engouement des Tibétains puis des Mongols pour le thé en transformant cette boisson quotidienne en marchandise. Le thé devint ainsi une monnaie d’échange.
Afin de développer la puissance militaire chinoise, le thé du Yunnan et du Sichuan fut alors échangé contre des chevaux du Tibet et de Mongolie, réputés pour être les meilleures montures. Un cheval était troqué contre environ 60 kg de thé.
Cela marqua le début de la Cha Ma Gu Dao (littéralement, la « route caravanière thé-cheval » en mandarin), route qui fut parcourue durant plus de 15 siècles.
Au-delà de la très forte incidence sur le développement de la Chine durant des âges, cette voie permit aussi l’essor du commerce entre l’empire et ses pays voisins. Dès le 11e siècle, le thé en galette devint ainsi le principal produit d’échange entre la Chine et le Tibet, et la route fut l’axe essentiel des échanges en Asie du Sud-Est.
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Pour des raisons de praticité et de transport, le thé vert était compacté en galettes d’un poids allant de 500 g à 3 kg. Celles-ci, cousues dans des sacs en peau de bête, étaient convoyées par caravanes de mulets et de yacks jusqu’à la capitale du Tibet pendant un long périple de 6 mois. Au contact des animaux, avec la chaleur et l’humidité, les galettes de thé fermentaient légèrement et gagnaient un parfum très particulier.
C’est ce type de thé que nous appelons aujourd’hui le Pu Erh cru, qui puise son nom dans la ville éponyme située dans les plaines du Yunnan.
La route, un lieu de rencontre et d'échange
Des milliers de caravanes suivaient cette route de 2 250 kilomètres reliant la ville de Pu Erh à celle de Lhassa, sur les hauts plateaux tibétains. La Cha Ma Gu Dao permit aussi la rencontre entre ethnies et participa aux échanges culturels. Aujourd’hui encore, plus d’une soixantaine de peuples se concentrent sur cette route, riche d’une des diversités culturelles les plus importantes de Chine.
Son usage a perduré jusqu’aux années 1950 et cet axe reste encore préservé de nos jours. Le thé demeure très populaire au Tibet où il est toujours consommé de façon traditionnelle, mélangé avec du beurre de yack. L’importance de cette boisson est telle qu’un Tibétain en boit entre 30 et 50 tasses par jour !
Le Pu Erh, quant à lui, était jusqu’à il y a quelques années essentiellement consommé dans les diasporas chinoises. Depuis, il connaît un engouement extraordinaire dans la Chine continentale, en raison de son histoire millénaire et de ses vertus reconnues dans la pharmacopée chinoise.
Pu Erh et Pu Erh cuit
Il existe 2 types de Pu Erh. Le premier, le Pu Erh cru, est un thé vert compressé qui, avec le temps, sous l’action de micro-organismes présents naturellement dans le thé, a fermenté. Les Pu Erh cuits, dit aussi noirs, sont plus récents : en 1973, en cherchant à reproduire les phénomènes de vieillissement et de fermentation naturelle des Pu Erh crus, la manufacture de Kumming mit au point une recette de fermentation accélérée qu’elle appliqua aux feuilles de thé vert. Ce processus donna au final des thés aux profils assez différents des Pu Erh crus : les arômes humides évoquant le sous-bois, la cave, y sont plus présents et les notes animales plus prononcées.